Pour bien des auteurs, le syndrome de l’imposteur frappe fort. Malgré toutes leurs connaissances, leur expérience et les œuvres qu’ils ont publiées, plusieurs continuent de douter d’eux-mêmes et croient être des imposteurs.
Dans cette chronique, Sébastien Duperron nous donne l’heure juste sur ce phénomène bien réel et nous offre quelques conseils pour s’en sortir.
Avez-vous déjà eu le sentiment de ne pas être qualifié pour un emploi, même si vous aviez la formation nécessaire pour accomplir vos tâches? Vous arrive-t-il parfois de vous retenir d’offrir des conseils parce que vous avez l’impression que ce que vous avez à dire est faux ou sans importance, même si vous maîtrisez très bien le sujet?
Pour plusieurs auteures, le doute s’installe dès que les doigts atterrissent sur le clavier pour poursuivre le récit du moment. Elles se questionnent constamment.
Sais-tu de quoi tu parles?
Qui va vouloir lire ce que tu écris?
Pourquoi les lecteurs choisiraient-ils mon livre?
Peu importe leurs connaissances, peu importe où elles en sont dans leur cheminement professionnel, cette petite voix au fond de leur esprit ne cesse de les faire douter, de leur foutre la trouille.
Ce phénomène a un nom : le syndrome de l’imposteur (ou syndrome de l’autodidacte). Il ne s’agit pas d’une « maladie », mais plutôt d’un « mécanisme psychologique ».
Le syndrome de l’imposteur induit une forme de doute maladif chez les personnes qui en sont victimes. Ce doute les incite à nier la propriété de tout accomplissement, qu’il soit professionnel ou privé. Selon cette théorie, les victimes ont donc tendance à rejeter systématiquement le mérite lié à leurs travaux et attribuent leurs succès à des éléments extérieurs comme la chance, le travail acharné, leurs relations, un être divin, ou certaines circonstances exceptionnellement favorables.
Ces personnes doutent en permanence et croient duper leurs collègues, leurs amis, leurs supérieurs. Elles vivent avec la crainte constante d’être démasquées d’une minute à l’autre.
On rapporte qu’entre 62 et 70 % de la population aurait expérimenté le syndrome de l’imposteur au moins une fois au cours de leur vie. Il n’existe aucune différence de genre : les hommes comme les femmes peuvent en souffrir. Ce syndrome peut tout autant affecter les auteurs les plus accomplis que les débutants.
Chez les auteurs, le syndrome de l’imposteur attaque la « voix » unique. Ce peut être la pire sensation possible. Il cause de l’anxiété, du stress, de la peur, une faible estime de soi et même la honte et la dépression. Si on le laisse s’installer, il peut nous amener à prendre moins de chances et à des opportunités manquées.
Dans les pires cas, le syndrome de l’imposteur peut causer une paralysie totale et vous empêcher d’écrire et d’avancer. En vous faisant douter constamment de vos capacités, en vous amenant à réécrire le même passage encore et encore car il n’est pas « bon », ce mécanisme psychologique peut faire beaucoup de dommage.
Heureusement, il est possible de se défaire du syndrome de l’imposteur. Voici 5 façons de le vaincre.
1. Cernez le problème
La première étape pour vaincre le syndrome de l’imposteur est de reconnaître que vous en êtes victime. Il est essentiel de mettre un nom sur vos sentiments de doute et d’inadéquation. Il ne s’agit pas d’un simple manque de confiance en soi, mais d’un état bien réel qui peut dangereusement fausser la perspective que vous avez de vous-même et de vos compétences en tant qu’auteur.
Il est important de noter, cependant, qu’il y a une différence entre le simple fait d’éprouver des difficultés au niveau de votre écriture (ce qui arrive à tout auteur) et le fait de souffrir du syndrome de l’imposteur.
Si vous avez du mal à écrire une histoire en particulier, par exemple, essayez d’identifier les signes révélateurs qui vous font savoir qu’il est temps d’abandonner un projet d’écriture. Si vous n’arrivez pas à identifier ces signes, il s’agit fort probablement d’un problème interne plutôt que d’un problème lié à ce projet particulier – et ce problème interne pourrait être le syndrome de l’imposteur.
Une fois que vous aurez compris que vous êtes confronté à ce mécanisme psychologique, vous pourrez travailler activement à l’adaptation de votre état d’esprit et à la restauration de votre confiance en vous et en vos capacités.
2. Vos réalisations sont les vôtres. Célébrez-les.
La perfection est impossible. Rien ne sera jamais parfait à 100 %. Vous êtes humains et vous faites des erreurs. Votre formation, votre expérience et votre volonté d’apprendre font de vous des experts.
Cessez d’être si dur envers vous-même. Regardez tout le chemin que vous avez parcouru depuis que vous avez pris la décision de vous lancer dans l’écriture. Au début, la page était blanche. Maintenant, vous avez des centaines de phrases, des dizaines de chapitres, des milliers de mots. Ce n’est pas rien.
Ayez confiance en vous et acceptez que vous n’êtes pas parfait.
3. Cessez de chercher la validation des autres
Le soleil brille de tous ses feux et le chant des oiseaux est plus mélodieux lorsque les autres vous lancent des fleurs après avoir lu vos écrits. C’est normal.
La reconnaissance est ce qui vous motive à vous dépasser. Bien que la validation des autres puisse être agréable de temps à autre, elle ne devrait pas être votre seul et unique objectif. Vous ne devriez pas baser toute votre existence sur celle-ci.
Avant tout, vous devez chercher à obtenir votre propre validation, à décider que vos connaissances, vos talents et vos aptitudes sont suffisants pour faire de vous un expert.
Acceptez que vous faites un excellent travail et continuez.
4. Vous êtes une œuvre inachevée. C’est correct.
Je vous parie que personne ne vous l’a dit lorsque vous étiez aux études, mais l’apprentissage se poursuit tout au long de votre vie.
En tant qu’auteurs, vous devez saisir toutes les opportunités d’apprentissage qui s’offrent à vous pour vous améliorer. Ayez l’humilité d’accepter que vous ne savez pas tout et que vous avez encore des choses à apprendre.
Arrêtez de vous mettre de la pression inutile sur les épaules. Personne ne s’attend à ce que vous décrochiez le Nobel de littérature avec votre premier roman.
Vos lecteurs seront emballés si vous écrivez une histoire engageante qui les sort de leur routine et leur permet de rêver pendant quelques heures.
5. Discutez avec d’autres auteurs
Je l’ai dit plus haut : on estime qu’entre 60 et 70 % de la population a déjà souffert du syndrome de l’imposteur.
Vous n’êtes donc pas seul. Loin de là.
Conséquemment, il serait irresponsable de choisir de souffrir seul. Souvent, le simple fait de parler de vos défis avec d’autres auteurs peut vous aider grandement à passer au travers.
N’hésitez pas à discuter de vos craintes et ce qui vous préoccupe, que ce soit en personne ou sur les différents réseaux sociaux. Vous seriez surpris des bénéfices que cela pourrait vous apporter.
Et, surtout : n’arrêtez jamais!
Ne laissez rien, pas même le syndrome de l’imposteur, vous empêcher d’écrire.
On le dit souvent : l’écriture, c’est comme un muscle. On doit le travailler constamment si on veut qu’il se développe. Et la seule façon de le faire, c’est d’écrire.
En continuant à écrire, il est impossible de devenir moins bon. Vous allez vous améliorer, je vous la garantis.
Souvenez-vous que vous êtes compétent, que vous savez de quoi vous parlez et que c’est acceptable (et même souhaitable) de partager vos connaissances avec d’autres!
1 comment
Ghislain Cadieux
Très bons conseils Sébastien. Je vis le syndrome de l’imposteur dans pas mal tout ce que je fais. Chaque fois que j’envoie un texte à une revue et que je reçois des compliments (et des critiques, on s’entend), j’ai de la misère à croire que quelqu’un quelque part a pu trouver quelque chose de positif dans mon texte (même si personnellement, je l’aime bien).