Au tour de l’auteur Jonathan Reynolds de se prêter au jeu des questions et réponses littéraires. Son roman Abîmes sera publié à l’automne 2020 chez Alire.
Jonathan Reynolds, est-ce qu’il y a un roman classique que vous avez lu pour la première fois récemment?
Non. Pour être franc, ça fait longtemps que je n’ai pas lu un classique.
Décrivez votre expérience de lecture idéale.
Hum, bonne question. Dans les faits, je lis, pour le plaisir, quand je peux, au travers de mes autres tâches/occupations. Mais j’aime beaucoup lire le soir, dans mon salon, sur un vieux fauteuil, éclairé d’une lampe au-dessus de ma tête, alors que tout est silencieux. Peu importe le genre de roman, ça dépend du style de l’auteur(e) : j’accroche ou pas. J’adore me plonger dans des introspections, dans la tête de personnages que je sens complexes, profonds, qui remettent en question leur quotidien/réalité. C’est pourquoi j’ai un faible pour le fantastique (intrigue réaliste avec une pointe de surnaturel qui nous fait douter).
Quel livre est-ce que tout le monde devrait lire avant d’avoir 21 ans?
Vol au-dessus d’un nid de coucou, de Ken Kesey, paru en 1962, qui a inspiré le film du même nom. C’est un roman universel sur la liberté, celle qu’on a perdue, celle qu’on voudrait retrouver, celle en nous, celle des autres. Un livre qui suscite un questionnement sur le système, sur notre rapport à l’autorité, sur les conséquences de la rébellion, sur l’individualité. Je l’ai lu quand j’avais 19 ans et j’en garde un très bon souvenir.
Que lisez-vous pendant que vous travaillez sur un livre? Et quel genre de lecture évitez-vous pendant que vous écrivez?
De la façon dont travaille mon imaginaire, je suis comme une éponge : j’emmagasine beaucoup, beaucoup, beaucoup (je lis, je lis, je lis) avant de « tordre l’éponge » pour laisser s’écouler le trop-plein d’eau et ne conserver que ce qui reste pour créer (écrire, écrire, écrire). Il y a donc des périodes pendant lesquelles je lis toute sorte de livres (du fantastique, du drame, des recueils de nouvelles, de l’autofiction, de la BD, des albums jeunesse, etc.) pour laisser mon imaginaire puiser ça et là des idées, des ambiances, des façons de présenter l’intrigue ou l’émotion, pour voir comment c’est écrit… mes lectures se mélangent évidemment à ce que je vis, à la musique que j’écoute, aux films que je visionne, etc., pour accoucher d’une piste potentiellement intéressante à suivre pour écrire une histoire. Tout peut être bon, je crois, pour stimuler l’imaginaire. Il n’y a donc pas de lecture à éviter. Dans les périodes où j’écris, c’est rare que je vais lire intensément.
Est-ce qu’un livre vous a déjà rapproché de quelqu’un? Ou éloigné?
Rapproché, oui. Éloigné, je ne crois pas. J’ai un exemple qui me vient en tête : quand l’auteur Pierre H. Charron m’a conseillé de lire Nuit d’été, de Dan Simmons, j’ai tellement aimé que ça a été le début d’échanges (en personne ou virtuellement) de conseils de lectures et de discussions sur l’écriture.
Vous organisez un souper littéraire. Nommez 3 auteurs (morts ou vivants) que vous invitez.
Howard Philip Lovecraft, Stephen King et Joël Champetier. Parce qu’instinctivement, je sens que ce serait toute une soirée, j’en suis persuadé, nous aurions beaucoup de plaisir, les quatre ensemble. Et s’il y a de la crème glacée au dessert, Lovecraft serait content.
Quelle est la chose la plus intéressante que vous avez apprise en lisant récemment?
En relisant certains passages de Questions d’écriture, de Jean-Jacques Pelletier, je me suis rappelé que ça m’avait frappé, à ma première lecture : qu’écrire est une façon, pour l’auteur, d’organiser le chaos de la vie. C’est très fort comme réflexion, je trouve.
Qu’est-ce qui vous touche le plus dans une œuvre littéraire?
Les personnages. Si je ne trouve pas un personnage intéressant, le reste me paraîtra plus fade. Selon moi, c’est la base, c’est par les émotions, le vécu, la complexité, etc., d’un personnage que le lecteur vivra pleinement (ou non) l’intrigue proposée.
Quel est le meilleur livre que vous avez reçu en cadeau?
Il y a quelques années, un ami m’a donné Le Mystère du lac, de Robert McCammon, sachant que je l’aimerais assurément, et il était tombé pile dans mes cordes : c’est un magnifique roman d’épouvante avec des personnages savoureux, une intrigue bien tissée et une réflexion sur l’enfance, le fait de grandir et ce qui reste de nos souvenirs et de notre imaginaire, une fois devenus adultes. En tout cas, moi, c’est ainsi que je l’avais vécu, ce livre.
Quel livre se trouve sur votre table de chevet en ce moment?
En savoir trop, de David Bélanger (L’instant même éditeur), un recueil de nouvelles dont j’ai entendu beaucoup de bien et que je me suis procuré, entre autres achats, au dernier salon du livre de Montréal. Un excellent recueil de nouvelles.
Diriez-vous qu’en tant que lecteur, vous avez un plaisir coupable?
Lire des BDs d’Archie quand je suis au petit coin.
Qui est votre héros ou héroïne de fiction préféré(e)? Votre antihéros ou méchant préféré?
J’irais du côté de la BD : depuis très longtemps, j’aime beaucoup le personnage de Batman (surtout dans les histoires de Frank Miller), qui est tourmenté et plus complexe, psychologiquement parlant, que nombre de ses collègues héros, et, côté antihéros, j’avoue avoir un faible pour Harley Quinn : chaotique, tourmentée, violente et impulsive. Au fond, tout ce qu’elle désire, c’est être heureuse et aimée. 😉
Quel livre est le prochain sur votre liste?
J’en ai plusieurs qui m’attendent… mais disons Faunes de Christiane Vadnais, qui me fait de l’œil depuis un bout de temps : « lis-moi, lis-moi ».
Quel livre avez-vous aimé moins que la majorité des gens?
Dans les salons du livre, beaucoup de lecteurs me disent avoir adoré Hell.com de Patrick Senécal. Je comprends pourquoi ils l’ont aimé, mais, pour ma part, j’avoue que c’est celui que j’aime le moins parmi ses romans, que j’ai tous lus. Je n’arrivais pas à m’accrocher au personnage, je n’avais pas envie de savoir ce qui lui arriverait, contrairement aux excellents 5150, rue des Ormes, Sur le seuil ou Aliss, par exemple.