« Nick retourne au boulot après quelques semaines de congé. Sa collègue Julie Montpetit a insisté pour le ramener au poste. Comment lui résister? Leur histoire ne leur paraît pas si lointaine qu’elle le devrait… Avec son équipe, Nick est appelé à se pencher sur le meurtre d’une mannequin. Aucune trace d’agression sexuelle; pourtant, on a maquillé son visage et positionné son corps comme un pantin désarticulé pour faire croire à un viol. Parallèlement, le policier doit reprendre une enquête qui semble avoir été bâclée : l’assassinat d’une autre modèle provenant de la même agence… un hasard? Sûrement pas. Jarvis se retrouve bientôt aux prises avec un tueur qui le déjoue et le surprend à chaque détour. »
Féminicides, de François-Bernard Tremblay, paru aux Éditions de Mortagne
Bonjour, François-Bernard Tremblay! Votre roman Féminicides est la suite de Sutures, votre premier roman policier. Pouvez-vous nous parler de ce premier livre?
Sutures est un thriller dont la première moitié a été écrite durant un séjour en France et l’autre moitié à mon retour au Québec. J’y aborde le sujet des vols d’organes sur des personnes vivantes. J’ai fait beaucoup de recherches pour ce livre. Nick et Julie, les enquêteurs, sont dépassés par les événements, car ils doivent enquêter dans le monde de la transplantation et le milieu hospitalier. Ce sont des milieux qu’ils ne connaissent pas du tout. Ça ne facilite pas vraiment leur enquête sur cette organisation clandestine et bien huilée. Bref, ils se frottent à plus puissant qu’eux.
La deuxième enquête de Nick Jarvis, votre personnage principal, était-elle prévue lorsque vous avez écrit Sutures?
Oui et non. Je m’explique. Durant l’écriture de Sutures, j’avais des plans pour 3-4 autres romans impliquant Jarvis, mais mes recherches pour le deuxième roman, qui porte sur le dopage sportif, étaient incomplètes et j’avais du mal à visualiser toute l’intrigue. J’en ai écrit une partie, mais j’ai rapidement orienté mon écriture vers le plan du troisième roman, Féminicides, qui est devenu le deuxième dans les faits. Au moment où l’on se parle, ce deuxième plan laissé en suspens l’est toujours. Le troisième roman que je suis en train d’écrire porte sur un autre sujet : le terrorisme.
Dans Féminicides, votre tueur en série déteste les femmes et en tue. Pourquoi avoir choisi ce modus operandi pour lui?
J’étais parti avec l’idée d’écrire sur le monde de la mode et j’avais comme idée de base que le tueur tue des mannequins ou que des mannequins disparaissent. En développant mon personnage, cette idée de violence envers des mannequins féminins a pris encore plus de sens. J’ai beaucoup lu sur les tueurs en série et j’ai rapidement compris que mes recherches avaient du sens. Ça expliquait le passé et le présent de ce personnage, ce qu’il était devenu. J’ai surtout fait des recherches sur le comportement de mon tueur. Pour le reste, je côtoie le sujet des tueurs en série toute l’année, car je donne un cours qui se nomme Meurtres et mystères au Collège d’Alma depuis une quinzaine d’années.
La symbolique est aussi un aspect important de votre roman. Pourquoi avoir voulu rattacher la symbolique à la psychologie du tueur?
J’avais vraiment le goût d’aller là. Le fait que le tueur vive certains moments particuliers dans sa phase de capture et sa phase de meurtre me permettait ça. Habituellement, je ne suis pas un grand fan de mythologie, un peu quand même, mais pas autant que certaines personnes. Cela venait justifier les comportements du tueur et apporter une autre dimension au livre. Le nouveau nom qu’il utilise, le nom du père, les objets qu’il laisse délibérément sont sa signature sur la scène de crime. Évidemment, l’auteur doit mettre le lecteur sur de bonnes pistes et aussi de fausses pistes. Dans ce cas-ci, je crois que cela permet au lecteur plus curieux d’avoir des chances de dénouer l’intrigue avant les autres.
Dans ce livre, le lecteur fait une incursion dans le monde de la mode à Montréal. Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce monde pour l’inclure dans votre récit?
Je suis un grand fan de mode. Si j’avais plus de sous, je dépenserais probablement plus d’argent en vêtements et en produits. J’ai toujours aimé les magazines et les défilés, et j’ai même déjà donné des cours de communication dans lesquels j’introduisais le milieu de la mode. J’achète quelques morceaux quand j’ai des occasions : Moschino, Rudsak, Burberry. J’ai toujours aimé Jeremy Scott et l’utilisation qu’il fait de la culture populaire dans ses créations. Je trouvais que c’était une belle façon de jouer dans ce domaine qui n’est pas souvent visité par les auteurs et auteures.
En général, selon vous, qu’est-ce qui fait un bon roman policier?
Ouf! La grande question. D’abord, il y a plusieurs genres. Mais je dirais qu’en général, on lit ce genre pour se divertir et passer de bons moments… Alors, j’irais avec ceci : l’attention du lecteur doit être touchée dès le départ, des chapitres courts, des rebondissements, des personnages en danger pour créer l’effet « page turner », du suspense et aussi du thriller, donc des scènes d’actions pour faire palpiter un peu le cœur du lecteur. J’ai du mal avec les suspenses purs où il n’y a pas du tout d’action. Parfois, ça marche quand même comme dans Gone Girl (Les Apparences) de Gillian Flynn, et parfois, c’est un échec comme dans La fille du train de Paula Hawkins, dans lequel je n’ai pas embarqué, sans vouloir faire de jeu de mots.
De quelle manière procédez-vous pour créer du suspense dans vos histoires?
Ah! Le suspense! C’est l’attente…, ce sont des moments de révélation la plupart du temps ou encore des moments où le lecteur attend l’arrivée d’une action, d’un geste ou d’un indice. Il est donc important de ne pas tout dévoiler, d’alterner les scènes et les intrigues afin de frustrer le lecteur (je n’aime pas le mot frustrer, mais c’est le procédé utilisé aussi dans la publicité). Le suspense, c’est créer un besoin ou un manque chez le lecteur, c’est selon, mais le lecteur doit patienter pour obtenir la réponse ou la révélation souhaitée. Il achète particulièrement le livre pour ça. Il veut être guidé et mené par le bout du nez par l’auteur. Il faut libérer l’information au compte-gouttes et au bon moment.
J’ai remarqué que vos dialogues sont écrits en langage familier, voire populaire. Pourquoi avoir choisi de faire parler vos personnages comme les Québécois (et ne pas choisir un français international)?
Je trouve que c’est important de faire parler les gens comme ils parlent. Je trouve parfois que des dialogues trop polis sonnent faux. Je crois que des policiers dans le feu de l’action parlent en langage populaire, ils ne commenceront pas à mettre des gants blancs non plus. J’essaie aussi de m’ajuster. La série Jarvis se veut populaire, donc j’utilise un parler populaire. D’autres romans que j’écrirai seront certainement différents.
Avez-vous l’intention d’écrire un troisième roman avec l’enquêteur Nick Jarvis?
Oui! Je suis dans l’écriture d’un troisième Jarvis et j’espère qu’il y en aura d’autres. Mais j’ai commencé des recherches pour un « stand alone » que je devrais écrire après le troisième Jarvis. Jusqu’à maintenant, la série va bien. La réception du deuxième est très bonne et semble relancer Sutures. S’il y a de la demande en ce sens, je continuerai à en produire. J’ai beaucoup de plaisir à le faire et tant que j’en aurai, et que mon éditeur me soutiendra, j’aimerais poursuivre. C’est le fun aussi actuellement, car je commence lentement à avoir un lectorat. C’est nouveau pour moi.