Après une longue absence, et à la demande d’absolument personne, elle est de retour. L’inspiration est là, enfin. J’avais perdu ses traces d’espoir et de persévérance. Je n’étais plus disposée à accueillir ses bons présages. J’avais quitté ses terres délibérément.
Pourtant, j’avais besoin de son encouragement, de son souffle créateur. Je voulais que l’inspiration me revienne autant dans mes périodes fastes que dans mes périodes creuses. Sans elle, malgré mon désir d’écrire, j’avais peur de ne plus y arriver. J’avais besoin de son soutien muet auprès de moi, de sentir sa protection au-dessus de mon épaule, de transcrire sa voix de mon cœur à ma main.
À ses côtés, je n’avais plus peur de la page blanche. Je sais que la créativité est un flot créateur dans lequel je dois plonger pour renouer avec ma liberté. Liberté d’être à l’affût ou de me fermer, de laisser mon canal ouvert ou obstrué par tous les parasites voulant nier le processus de création.
J’accueille donc ce quelque chose voulant écrire à travers moi. Je demeure humble, j’écoute, je sonde mon cœur, je garde une oreille rivée à mon élan d’artiste, fidèle serviteur de mes pulsions inspirées.
Dans la transcendance de l’œuvre naissant sous mes yeux, je ne peux ignorer les directives de ce plan divin. J’accepte d’être transformée par ce qui vient. Je cherche consciemment à entrer en contact avec cette pensée qui traverse les mots, je collabore en parcourant la moitié du chemin qui m’est destiné. J’avance avec confiance dans ma créativité.
Je fais corps avec l’esprit venu enrichir et élargir ma vie. Sous les eaux vives et tumultueuses de la fougue passionnelle d’écrire, une source tranquille m’appelle, m’apaise. Je me dépose en mon centre, humblement, je touche à ma vérité, mon honnêteté primordiale. Cette intégrité du cœur sera mon plus grand atout. Grâce à cette prédisposition d’être dans le ici et maintenant, j’entends mes rêves secrets mêlés à la volonté d’approcher la beauté complice de l’enchantement intérieur.
Puis, d’intuitions en pressentiments, je cueille mes sentiments limpides, je vais à la rencontre de ce moment exaltant où je vis avec plus d’authenticité. Le processus en soi est porteur d’une grande sagesse. J’agis donc en conformité avec cette traversée vers la rive de ma poésie unifiée. Les idées nouvelles affluent, mais je me sens en sécurité. Je peux faire le tri naturellement dans ce qu’il ne sera plus nécessaire de consigner. Mes risques sont maintenant calculés. Les étapes s’inscriront dans l’ordonnancement de ma vitalité, un petit miracle dans la normalité du quotidien.
L’originalité aspire à ce que je m’ouvre à ses possibilités. Ma plume me ramène à mon intimité, à mon allégresse fébrile de créer. Mes mots sont sur mesure. Parfois choisie, tantôt imposée, ma routine est composée de l’étalement devant mes yeux pour couvrir la nudité de la page pudique et insolente. Dans ce quelque chose à dire et à exprimer, une occasion m’est donnée de me recréer, de faire de mon existence un projet majeur moins fragmenté. Une joie immense s’empare de moi. Je note en parallèle tous mes progrès, je talonne mon plaisir et réalise enfin tout ce qui me plaît!
